Pernod Ricard a récemment racheté à Accor 23 établissements de nuit pour 80 millions d’euros, dont des adresses parisiennes emblématiques comme le Raspoutine ou la Clairière. Pour cette opération, le groupe s’est associé à Laurent de Gourcuff, qui détient 70 % du capital selon Challenges.

Un marché des spiritueux en crise

Cette diversification intervient dans un contexte morose pour le secteur. En France, les ventes en grandes et moyennes surfaces ont reculé de près de 4 % en 2024, et de 2 % dans les cafés et restaurants. Mais c’est à l’international que la situation est la plus préoccupante : les exportations ont chuté de 12 % en 2023, puis de 6,5 % en 2024, et encore de 7,5 % sur les quatre premiers mois de 2025.

En cause, des tensions commerciales avec la Chine et les États-Unis, qui pourraient imposer des taxes supplémentaires sur les spiritueux français. Pernod Ricard, particulièrement exposé, risque des surtaxes annuelles de 200 millions d’euros.

Cette crise se reflète aussi sur les marchés financiers : l’action du groupe, qui dépassait les 200 euros en juillet 2023, évolue désormais sous la barre des 100 euros. La fortune de la famille Ricard, quant à elle, a chuté de 32 % en un an, s’établissant à 3,35 milliards d’euros dans le classement des 500 plus grandes fortunes françaises.

Une nouvelle approche commerciale

Dans ce contexte difficile, l’acquisition d’établissements de nuit pourrait être un premier pas dans un secteur aux synergies évidentes pour le groupe. Si les bouteilles se vendent moins bien en rayons, le groupe pourrait désormais miser sur une présence directe dans les lieux de consommation festive. Une stratégie qui pourrait bien, à terme, redynamiser les ventes… à condition que la fête continue.

✍️ Léo Ould